dimanche 16 novembre 2025

Notre Seigneur Jésus-Christ, Roi de l’Univers

 




XXXIV Dimanche du Temps Ordinaire   Année C

Paolo Cugini

Aujourd’hui s’achève l’année liturgique au cours de laquelle nous avons entendu l’Évangile de Luc, qui raconte le cheminement de Jésus de Nazareth jusqu’à Jérusalem. Un parcours jalonné de surprises et de choix difficiles, de controverses âpres avec les pharisiens et la classe sacerdotale du Second Temple, qui l’ont conduit à la croix. La liturgie de l’Année C conclut l’année par la Solennité du Christ, Roi de l’Univers, en nous offrant une lecture qui relate la grande souffrance et l’humiliation de Jésus sur la croix. Pourquoi ce choix ? Que veut-il nous dire ?

À ce moment-là, [après avoir crucifié Jésus,] le peuple restait là à regarder ; mais les chefs se moquaient de Jésus.

La vie de Jésus fut emplie d’amour, d’attention portée à tous ceux qu’il rencontrait sur sa route, particulièrement aux plus pauvres. Il a connu beaucoup de personnes et a consacré sa vie à faire le bien. Pourtant, dans les derniers instants de sa vie, Jésus a expérimenté une profonde solitude. Il est arrivé nu sur la croix, moqué, ridiculisé, frappé, humilié et, surtout, abandonné par ses amis, les disciples avec qui il avait partagé les années de sa vie publique. Pourquoi cette solitude ? Que signifie-t-elle pour notre chemin de foi ? Les terribles heures qui ont marqué les derniers moments de la vie de Jésus révèlent le cœur de ses disciples, leurs attentes déçues et leur profonde désillusion. La croix de Jésus révèle, d’une manière définitive et dramatique, que Jésus n’est pas le roi politique espéré, capable de vaincre les Romains : il est tout autre chose. Les disciples comprennent, à partir du moment où Jésus est arrêté, que leur cheminement de disciple et leurs attentes ne correspondaient pas à ce que Jésus voulait proposer. Et pourtant, pourrait-on dire, ils l’avaient écouté, ils avaient vu ses œuvres, alors pourquoi cette perplexité ? Pourquoi tant d’incompréhension ? La réalité de la croix a démasqué et mis à nu les fantasmes de gloire des disciples, leurs idéologies. L’attention à la réalité permet un processus de déconstruction des idéologies qui encombrent nos esprits et filtrent la réalité, nous empêchant de la comprendre. Pour les disciples, la croix représentait la mort de leurs idéaux et la possibilité d’une renaissance à une vie nouvelle.

« Il en a sauvé d’autres ! Qu’il se sauve lui-même, s’il est le Christ de Dieu, l’Élu. »

La demande des chefs du peuple à Jésus montre qu’ils ont totalement mal compris son message. La preuve qu’ils exigent pour attester qu’il est le Christ, c’est sa propre sauvegarde. Jésus a démontré exactement le contraire : il a montré être le Christ de Dieu précisément à travers une vie de don total, s’efforçant sans cesse de sauver la vie de ceux qu’il rencontrait. Jésus nous a montré par sa vie que nous sauvons nos vies en les perdant pour ceux que nous aimons, pour ceux que nous croisons. Nous nous enrichissons en nous sacrifiant pour partager avec ceux qui sont dans le besoin. Voilà le grand enseignement humain de Jésus : un amour sans mesure pour tous. Dans cette perspective, il nous faut aussi nous rappeler les paroles que Jésus prononce sur la croix, justement dans la version de Luc que nous lisons aujourd’hui, quand il affirme : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. » Peut-on imaginer un amour plus grand que celui-ci ? Mourant sur la croix, Jésus ne pense pas à son propre salut, mais à celui de ses bourreaux. Jésus meurt seul sur la croix, mais pleinement conscient de ses choix. Il meurt librement par amour : il a choisi d’aimer jusqu’au bout.

« En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. »

Jésus meurt entre deux larrons : la mort de l’infamie, confirmant tout son parcours, où il n’a jamais cherché à être quelqu’un, à rechercher la gloire des hommes, mais a toujours été attentif aux plus faibles. Ceux qui décident de consacrer leur vie aux pauvres n’ont pas le temps de penser à leur carrière. Même sur la croix, Jésus reste attentif à ceux qui l’entourent, il les écoute, et même dans ce contexte, il ressort que suivre n’est pas une question de participation massive, mais un choix personnel.

Jésus est le roi de l’univers parce que, par son choix de l’amour authentique, en rejetant la gloire des hommes, il entre dans les veines de l’histoire avec son Esprit d’amour que tous nous pouvons accueillir.

 

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