DIMANCHE XXVIII B
(Marc 17-30)
Paolo Cugini
Pendant que Jésus marchait sur la
route, un homme courut à sa rencontre et, tombant à genoux devant lui...
L'évangéliste Marc, avec quelques touches stratégiques,
nous prévient que la rencontre de cet homme avec Jésus n'aura pas de résultat
positif. Marc, en effet, situe cette rencontre sur la route, c'est-à-dire à
l'endroit où, conformément au récit de la parabole du semeur, la graine est
immédiatement volée par les oiseaux dès qu'elle est semée et, par conséquent,
ne peut pas porter de fruit. De plus, celui qui court selon la mentalité
sémitique est déshonorant. Même se jeter à genoux, du point de vue de l’Évangile
de Marc, n’est pas un geste positif : un lépreux impur s’est agenouillé devant
Jésus.
« Bon Maître, que dois-je faire
pour hériter de la vie éternelle ?».
La demande d’un tel révèle cette mentalité
méritocratique, typique de la culture et de la religiosité de l’Ancien
Testament, que Jésus est venu modifier. La vie éternelle ne s’obtient pas en
faisant les choses, mais en l’accueillant librement. De plus, Jésus est venu
tracer un chemin qui transforme l'histoire quotidienne et, cette
transformation, place des signes d'éternité dans la vie présente. Celui qui
suit le Seigneur est une personne les pieds sur terre, concentrée sur le
présent, sur l'aujourd'hui de la vie, appelée à transformer l'histoire, à
introduire dans la vie quotidienne cet amour et cette soif de justice reçus du
Seigneur. Et en effet, que demande Jésus à l’homme qu’il rencontre sur la route
:
Vous connaissez les commandements
: « Ne tuez pas, ne commettez pas d'adultère, ne voulez pas, ne portez pas de
faux témoignage, ne fraudez pas, honorez votre père et votre mère ».
Il est curieux que parmi les commandements de Moïse,
Jésus cite ceux qui concernent les relations humaines, comme pour dire que
l'amour pour Dieu se voit à travers l'amour pour les personnes que nous
rencontrons dans la vie, la qualité des relations que nous vivons. C'est cela
la vie éternelle, elle se manifeste dans nos relations, dans l'attention que
nous portons aux personnes que nous rencontrons, en particulier aux plus
nécessiteux.
« Il ne te manque qu'une chose :
va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le
ciel ; et viens ! Suis-moi!".
C'est un verset qui exprime le radicalisme évangélique,
la vérité de notre choix de suivre le Seigneur, qui est en accord avec ce que
Jésus déclare dans le Sermon sur la montagne : cherchez d'abord le
Royaume des cieux et sa justice et ces choses vous seront données. vous en avez
ajouté (Mt 6, 33). Il y a une priorité dans le chemin de foi, qui
oriente aussi la vie matérielle dans l'horizon de la foi, qui se manifeste
précisément dans notre liberté envers les choses.
Mais à ces mots son visage
s'assombrit et il s'en alla attristé ; en fait, il possédait de nombreux biens.
Dans son commentaire de ce passage de Marc, Origène, le
grand catéchiste du IIIe siècle après J.C. dit que cet homme qui prétendait
obéir à tous les commandements et ensuite devenir triste à la demande de Jésus
de partager ses biens, était un grand menteur, car la vérité de notre vie en
Dieu se manifeste précisément dans la liberté et le désintéressement de ce que
Dieu nous a donné.
Jésus, regardant autour de lui,
dit à ses disciples : « Comme il est difficile à ceux qui possèdent des
richesses d'entrer dans le royaume de Dieu ! ». Les disciples furent
déconcertés par ses paroles ; mais Jésus continua et leur dit : « Enfants,
comme il est difficile d'entrer dans le royaume de Dieu ! Il est plus facile à
un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le
royaume de Dieu. »
L’attachement aux richesses devient un obstacle sur le
chemin de la foi car, avec le temps, elles remplacent Dieu comme point de
référence pour le salut et la sécurité personnelle. Il est donc difficile pour
un riche d'entrer dans le Royaume des Cieux car son cœur s'attache jour après
jour à l'argent, qui devient progressivement le centre de son intérêt, oubliant
Dieu et sa proposition.
Le chant d'aujourd'hui a une grande valeur pour notre
cheminement de foi personnel et communautaire. Il nous avertit que tout doit
être lié à notre relation avec le Seigneur, afin que toute notre vie soit
façonnée par son amour et sa justice. Lorsque cela se produit, ces signes
d’éternité qui révèlent la présence de Dieu dans le monde deviennent visibles
dans l’histoire.
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